Rapport de lancement des activités du projet à Yumbi
1. Préambule
Avec son partenaire Interpeace (IP), Rebuild Hope for Africa (RHA) met en œuvre le projet de renforcement de la gouvernance inclusive de la paix dans la province de Mai-ndombe en vue de consolider la paix dans son territoire de Yumbi. On notera que Yumbi a été ensanglanté en 2018 suite aux violences meurtrières entre la communauté des « Banunu » et celle des « Batende ». On rapporte que, suite à ces violences, au moins 535 civils (hommes, femmes et enfants) ont été massacrés dans quatre villages du territoire de Yumbi. Et sur les bords du fleuve Congo à 300- 350 km au nord de Kinshasa, d’autres victimes ont été jetées dans le fleuve ou brûlées. Les morts identifiées étaient membres de la communauté Banunu qui se considère victime d’une communauté rivale, celle des Batende, qui officiellement contestaient le lieu d’inhumation d’un chef coutumier Banunu. Suite à ces massacres, le conflit a été exacerbé entre les deux communautés alors qu’il n’était jusque-là que mineur. C’est donc pour rompre le cycle de ces violences qu’Interpeace a inclus le Mai-ndombe dans ce projet de renforcement de la gouvernance inclusive de la paix.
2. Bref Aperçu sur les diverses rencontres avant les réunions de lancement
Arrivée dans la cité de Yumbi le lundi 26 septembre 2022, l’équipe de la mise en œuvre
du projet a tenu le mardi 27 septembre des séances d’échange avec le responsable
de l’ANR et celui de la Police Nationale ici à Yumbi. Non seulement l’équipe leur
a présenté les civilités, mais aussi elle a échangé avec eux sur la situation sécuritaire
du lieu et sur l’état du conflit entre les deux communautés.
Le mercredi 28, l’équipe a eu à s’entretenir avec un bon nombre des points focaux
en guise de préparation de la tenue des réunions de lancement du projet.
3. La tenue des réunions de lancement
Dans l’optique de lancement des activités, 4 réunions ont été programmées pour marquer le commencement de ce projet de renforcement de la gouvernance inclusive de la paix dans le territoire de Yumbi. Pour ce faire, il a été prévu 2 réunions pour chacune de deux communautés en conflit. Ci-dessous les grandes lignes des réunions déjà tenues.
Réunions de commencement des activités dans chacune desdites communautés
La réunion pour la communauté des Banunu a été tenue le jeudi 29 septembre 2022 de 14h à 16h 30 minutes dans la salle de l’école primaire Bolingo de Yumbi. Celle pour la communauté des Batende a été tenue le samedi 1er octobre 2022 de 14h à 16h 30 minutes dans la salleEglise catholique de Molende. Ces réunions ont rassemblé des leaders d’opinions de chaque communauté ensemble avec le responsable de l’ANR, celui de la Police nationale congolaise à Yumbi ainsi que le chef de groupement des Batende.
A l’ordre du jour de ces réunions, il y avait :
1) la présentation individuelle des
participants et celle des membres de l’équipe de mise en œuvre,
2) l présentation
du projet,
3) échange et questions-réponses
4) divers.
L’on comprend que
le point principal de l’activité était l’échange, qui s’est axé sur la préoccupation de
savoir ce qu’il faut faire pour que la paix soit consolidée dans le territoire de Yumbi.
C’était aussi de savoir quelles sont les conditions requises pour la consolidation de la paix.
On a eu ensuite à expliquer aux participants que c’est sur cette préoccupation qu’est basé
le travail des Groupes de Dialogue Permanent (GDP) ainsi que celui des Groupes de
Travail Inclusif (GTI). Il a été aussi montré aux participants que c’était à eux-mêmes
de choisir les gens réputés de leurs communautés qui allaient constituer le GDP et le GTI.
Après l’échange, on est passé aux questions-réponses. Ici, on ne va reprendre que quelques questions et des réponses y apportées.
- Question : L’intitulé du projet est « la Gouvernance inclusive de la paix. Comment que dans la salle il n’y a que les Banunu ? (Question posée par le Président de la Société civile de Yumbi)
Réplique par un autre participant : C’est tout à fait logique de commencer par des réunions séparées parce qu’ils sont encore au début du projet et qu’ils ne savent pas le degré de tension entre les 2 communautés.
- Question : Quelle relation y a-t-il entre vous et l’Etat congolais ? Qui a associé qui ? Est-ce que vous nous avez appelés seuls en tant que les Banunu ou en tant que des Responsables des structures ?
Réplique : Vous avez été conviés à cette réunion d’abord parce que vous êtes des leaders communautaires. Et qu’avec cette position, vous avez beaucoup à apporter dans ce projet de consolidation de la paix à Yumbi.
... suite à ces violences, au moins 535 civils (hommes, femmes et enfants) ont été massacrés dans quatre villages du territoire de Yumbi
- Question: Le Ministère des affaires intérieures n’avait pas compati avec la population des Banunu massacrée par les Batende. Ensuite, nous avions déjà formulé des recommandations à vos amis d’Interpeace qui étaient venus ici. Entre autres recommandations, nous leur avions dit que nous voulons que nos frères soient enterrés avec honneur, que nos terres confisquées par les Batende nous soient retournées, que le rapatriement de nos frères ayant fui au Congo-Brazza soit fait rapidement, etc. Mais aucune de ces recommandations n’a été réalisée jusqu’aujourd’hui. Quelle solution qu’Interpeace nous amène ? Comment est-ce que vous cherchez à me réconcilier avec quelqu’un qui a massacré mes propres frères avant toutes ces conditions posées ?
Réplique par un participant: On doit donner à ces gens l’occasion de travailler et voir comment les aider parce qu’à travers eux, on peut probablement arriver à la solution que nous recherchons. C’est parce que si tous ces problèmes cités trouvent de solution, là il y aura réconciliation. De toute façon, nous sommes appelés à vivre ensemble.
- Question: Nos frères de la terre ferme se comportent en dominateur. Ils aiment voir nos cimetières. D’ailleurs, i y a même les élections de 2023 qui approchent. Ils veulent que nous restions minoritaires pendant qu’eux se préparent pour gagner les élections. Si nos frères ne sont pas rapatriés, nous les Banunu, on n’ira pas aux élections. D’ailleurs, nous avons besoin de nous diviser pour nous ayons notre indépendance.
Réplique: Oui, on comprend le degré de traumatisme que ces violences ont créé. Il y a un cas, parmi tant d’autres, qui a eu des traumatismes de ce genre mais que le travail des GDP a pu atténuer : c’est le Rwanda. En fait, les Hutu ne devaient plus vivre au Rwanda étant donné que le régime au pouvoir est majoritairement Tutsi. A travers le travail d’Interpeace ensemble avec le gouvernement, les Tutsi et les Hutu sont parvenus à comprendre qu’aucune communauté ne peut chasser ou exterminer l’autre et que le mieux c’est de comprendre qu’ils doivent vivre ensemble.
Après ce jeu des questions-réponses, les participants ont été appelés de choisir 12 personnes qui ont la confiance de leurs communautés pour composer les Groupes de Dialogue Permanent (GDP) de chacune de 2 communautés.
Réunions de commencement du travail des GDP.
Il convient de noter qu’à cause des réalités et des contraintes du terrain, seule la réunion de GDP de côté Banunu qui a été jusqu’à présent organisée. Fort malheureusement, cette réunion n’a pas pu aboutir à la fin. Les participants ont demandé, ou mieux exigé que la séance et toutes les autres activités soient suspendues jusqu’à ce que nous ayons contacté leurs leaders se trouvant à Kinshasa et que nous nous soyons accordés avec eux pour leur prouver qu’Interpeace et RHA ne sont instrumentalisés par leurs Bourreaux : les hautes personnalités des Batende. Les participants ont donc montré que ce n’est que lorsqu’ils auront reçu le signal, et par ricochet l’autorisation de leurs leaders de Kinshasa qu’ils pourront alors se sentir à l’aise de continuer de travailler avec nous pour la promotion de la paix dans leur territoire.
Malgré notre insistance d’évoluer avec l’activité en rassurant que l’on va contacter leurs leaders de Kinshasa, les participants ont dit niet à la poursuite des activités afin d’éviter un malentendu entre eux et leurs leaders de Kinshasa qui les aident à suivre leur dossier.
A ces mots, l’activité a été suspendue et reportée à une date ultérieure.
A ces mots, l’activité a été suspendue et reportée à une date ultérieure.
